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déjà grave, vers son instructeur, assis en face de lui. Des femmes regardaient du haut d’une galerie, et leurs toilettes faisaient des taches joyeuses sur les teintes claires des boiseries découpées ; des papillons énormes étaient brodés sur leurs robes ou bien des oiseaux, des fleurs ou des disques bariolés, toutes avaient la tête hérissée de grandes épingles en écaille blonde. Elles caquetaient entre elles avec mille minauderies charmantes.

Dans la cour, appuyée contre le support d’une lanterne de bronze, une jeune fille, étroitement serrée dans sa robe de crêpe bleu de ciel, dont tous les plis étaient rejetés en avant, fixait son regard distrait sur le petit seigneur ; elle avait à la main un écran sur lequel était peint un colibri.

— Tiens le sabre vigoureusement, disait l’instructeur, appuie-le par la pointe au-dessous des côtes du côté gauche, aie soin que le tranchant de la lame soit tourné vers la droite. Maintenant, serre bien la poignée dans ta main et pèse de toutes tes forces, puis vivement, sans cesser d’appuyer ramène l’arme horizontalement vers ton côté droit, de cette façon tu te fendras le corps selon les règles.

L’enfant exécuta le mouvement avec une telle violence, qu’il déchira son vêtement.

— Bien ! bien ! s’écria le prince d’Ovari