de ces fleurs comme dans un bain et m’enivrer jusqu’à mourir de leur parfum violent !
Ivakoura, après avoir admiré, faisait une mine un peu désappointée.
— Des fleurs plus belles encore allaient éclore dans mon rêve, dit-il en étouffant un bâillement. Maître, pourquoi m’as-tu fait lever si tôt ?
— Voyons, prince de Nagato, dit le jeune homme en posant sa main sur l’épaule de son compagnon, je ne t’ai pas fait lever, tu ne t’es pas couché cette nuit !
— Que dis-tu ? s’écria Ivakoura ; qu’est-ce qui peut te faire croire cela ?
— Ta pâleur, ami, et tes yeux las.
— Ne suis-je pas toujours ainsi ?
— La toilette que tu portes serait encore trop somptueuse à l’heure du coq[1] ; et regarde ! le soleil se lève à peine, nous sommes à l’heure du lapin[2].
— Pour honorer un maître tel que toi, il n’est pas d’heure trop matinale.
— Est-ce aussi pour m’honorer, infidèle sujet, que tu te présentes devant moi armé ? Ces deux sabres oubliés à ta ceinture te condamnent ; tu venais de rentrer au palais lorsque je t’ai fait appeler.