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— Ne te réjouis pas trop vite, Hiéyas, dit-elle, je suis vivant et en état encore de servir mon jeune maître.

Hiéyas se retourna vivement et vit le prince qui soulevait une draperie et pénétrait dans la salle.

Nagato ressemblait à un fantôme, ses yeux resplendissant du feu de la fièvre paraissaient plus grands et plus noirs que d’ordinaire. Son visage était si pâle qu’on distinguait à peine le mince bandeau blanc taché de quelques gouttes de sang qui serrait son front. Un frisson douloureux secouait ses membres et faisait trembler un coffret de cristal qui scintillait dans sa main.

Le général Yoké-Moura courut à lui.

— Quelle folie, prince ! s’écria-t-il ; après avoir perdu tant de sang, et malgré les ordres des médecins, tu te lèves et tu marches !

— Mauvais ami, dit Fidé-Yori, ne cesseras-tu donc point de jouer avec ta vie ?

— Je deviendrai l’esclave des médecins pour obéir à l’intérêt peu mérité que vous me portez, dit le prince, lorsque j’aurai accompli la mission dont je suis chargé.

Hiéyas, plein d’inquiétude, s’était enfermé dans un mutisme complet ; il observait et attendait tout en jetant souvent un regard vers la porte comme s’il eût voulu fuir.