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— Rien, disait-il avec impatience, pas de nouvelles : c’est incompréhensible.

— Patiente encore quelques instants, disait Faxibo, ceux que tu viens d’envoyer sur la route de Kioto ne peuvent être encore revenus.

— Mais les autres ! ils étaient quarante et nul ne revient ; s’il m’a échappé cette fois encore, c’est à devenir fou.

— Tu t’exagères peut-être l’importance de cet homme, dit Faxibo. C’est une intrigue amoureuse qui l’attire à Kioto ; il a la tête pleine de folies.

— Tu crois cela, et moi je t’avoue que cet homme m’épouvante, dit le régent avec force, en s’arrêtant devant Faxibo ; on ne sait jamais ce qu’il fait ; on le croit ici, il est là ; il déjoue les espions les plus fins : l’un affirme qu’il l’a suivi à Kioto, l’autre jure qu’il ne l’a pas perdu de vue un instant et qu’il n’est pas sorti d’Osaka ; tous ses amis ont soupe avec lui tandis qu’il se battait, en revenant de la Miako[1], avec des hommes postés par moi. On croit qu’il dort ou s’occupe de ses amours ; un de mes projets va-t-il s’accomplir, sa main s’abaisse sur moi au dernier instant. Depuis longtemps l’empire serait à nous sans lui ; mes partisans sont

  1. C’est-à-dire la capitale.