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dit le prince en saisissant l’homme à bras-le-corps.

Celui-ci a beau se débattre, Nagato l’emporte hors de la maison. Je m’approche alors de la balustrade et je vois la foule amassée devant la maison s’écarter devant les coureurs qui précèdent un cortège magnifique : musique, bannières, palanquins, le tout aux armes du prince. Les norimonos s’arrêtent devant la maison et Nagato fourre son beau-père dans l’un d’eux, qu’il ferme et cadenasse. Je comprends ce qu’il faut faire, j’empoigne la vieille et je la loge dans un autre palanquin, tandis que Nagato revient chercher la jeune fille. Deux norimonos nous reçoivent et le cortège se met en marche, tandis que la musique retentit joyeusement. Nous arrivons bientôt à une habitation charmante située au milieu du plus joli jardin que j’aie jamais vu. Tout est illuminé, on entend des orchestres cachés dans les feuillages, des serviteurs affairés courent de ci de là.

— Qu’est-ce donc que ce ravissant palais ? dis-je à Nagato.

— Oh ! rien, répond-il dédaigneusement, c’est une petite maison que j’ai achetée pour ma nouvelle femme.

— Il est fou, pensais-je et va se ruiner complètement, mais cela ne me regarde pas.

On nous conduit dans une chambre, où