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L’USURPATEUR

rire et je me roulais le long des murs de la chambre, n’en pouvant plus. À ma grande surprise, le prince de Nagato se jeta aux pieds de l’artisan.

— Pardonne-nous, disait-il, ta fille et moi nous voulions nous marier ensemble, et comme je suis sans argent j’avais résolu, comme c’est l’usage, de l’enlever pour éviter les frais de noces. Selon la coutume, tu nous aurais pardonnés après t’être fait un peu prier.

— Moi, épouser cet homme ! disait la jeune fille, mais je ne le connais pas du tout.

— Tu crois que ma fille voudrait pour époux un bandit de ton espèce, s’écria le père. Allons ! hors d’ici au plus vite si tu ne veux pas faire connaissance avec mes poings !

Le bruit de cette voix courroucée commençait à attirer la foule devant la maison. Nagato poussa un sifflement prolongé.

— Partiras-tu ? s’écria l’homme du peuple, rouge de colère.

Et, au milieu des injures les plus grossières, il leva le poing sur Nagato.

— Ne frappe pas celui qui sera ton fils, dit le prince en lui relevant le bras.

— Toi, mon fils ? Tu verrais plutôt les neiges du Fousi-Yama se couvrir de fleurs.

— Je te jure que tu seras mon beau-père,