sants bleuâtres. La chemise, il faut l’avouer, est un meuble inconnu aux bayadères.
Une grande écharpe d’étoffe bariolée, dont les bouts pendent par devant et ballonnent sur le ventre, complète ce costume de la plus piquante originalité.
Saoundiroun et Ramgoun sont habillées exactement de la même manière, à l’exception de l’écharpe, qui est de mousseline blanche brochée d’or. Saoundiroun et Ramgoun sont âgées d’environ quatorze ans ; elles portent au cou un petit bijou d’or, comme fiancées à la pagode. Saoundiroun est la plus jolie des deux, du moins dans nos idées européennes ; leur vivacité pétulante et l’éclat joyeux de leur sourire contraste avec l’air de résignation plaintive d’Amani, qui a l’air d’une statue de la Mélancolie personnifiée. Tillé, qui est l’ancienne de la troupe, n’a pas beaucoup plus de trente ans ; elle en paraît bien avoir cinquante. Quant à Veydoun, elle a six ans : figurez-vous l’amour teint en noir ; c’est le plus charmant, le plus espiègle et le plus éveillé diablotin du monde.