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L’ORIENT.

avec un aveuglement fanatique à la lettre du Koran. — Cette réforme, maintenant acceptée et qu’Abdul-Medjid a religieusement poursuivie, a mis les Turcs en état de soutenir les premières attaques des envahisseurs russes, et leur a permis d’attendre glorieusement l’arrivée de l’armée anglo-française. Ce résultat, qui a paru étonner quelques esprits trop portés à s’exagérer la puissance irrésistible de l’empereur Nicolas, ne nous a nullement surpris : pendant notre séjour à Constantinople, nous avions souvent remarqué ces magnifiques casernes de Scutari et du grand Champ des Morts, cette superbe fonderie de canons de Top’Hané, près de la mosquée du Sultan Mahmoud, ces écoles militaires, instituées sur le modèle de l’École polytechnique, et où aucune des découvertes de la science n’est ignorée ; le chantier des vaisseaux si bien placé au fond de la Corne-d’Or, à côté de Kassim-Pacha ; ces soldats brunis et vigoureux, que seul le fez rouge différencie de nos troupes de ligne et qui manœuvraient avec une précision toute prus-