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L’ORIENT.

Précédé d’un pandour nègre armé jusqu’aux dents, et suivi de son interprète, M. Valerio se rendit chez le commandant militaire de Silistrie, qu’il trouva, après avoir monté un escalier vermoulu, au premier étage d’une méchante maison, dans une petite chambre éclairée par une chandelle vacillante. Le pacha était un homme d’une physionomie noble, grave et religieuse ; assis les jambes croisées sur son divan, il égrenait un chapelet d’ambre ; il fit apporter des pipes et du café, cérémonie à laquelle l’hospitalité turque ne manque jamais.

La chambre habitée par le pacha avait à peu près sept pieds de long sur six de large. Les fenêtres garnies de papier livraient en quelques endroits passage au vent, qui faisait trembloter la flamme de la chandelle ; les murailles crevassées n’avaient pour tout ornement qu’une giberne, une paire de pistolets et un sabre turc avec son ceinturon. Tout le mobilier consistait en une mauvaise table de bois chargée de quelques livres frugalement mêlés de pommes, une estrade de