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LE DANUBE.

un sourire de raillerie ou d’incrédulité sur les lèvres de leurs camarades, dont plusieurs cependant ne suivaient pas le même rite. Le sérieux musulman ne sourcillait pas à ces pratiques étranges, à ces exercices divers, faits au milieu d’un camp.

Le long du Danube, des spirales de fumée sortant du sol indiquaient les fours creusés dans le sable et chauffés avec des roseaux, où les Égyptiens faisaient cuire leur pain, à moins qu’ils ne se contentassent de galettes torréfiées sur des plaques de tôle.

Tout en nous montrant les aquarelles et les croquis de son portefeuille, M. Valerio nous racontait les péripéties de son voyage, entre autres son arrivée à Silistrie. Quand il se présenta devant la ville si héroïquement défendue par Moussa-Pacha, les portes étaient déjà fermées, la nuit tombait, le temps était froid, sombre ; le vent s’engouffrait par rafales dans les fossés et prenait en écharpe le pont-levis conduisant à la porte devant laquelle grelotait le voyageur arrêté. La porte avait été percée de neuf boulets pendant le