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LES BARBARES MODERNES.

meau, loin des villes, en face de Dieu, exposé à tous les dangers de la solitude.

L’Égypte abonde en productions naturelles ; on y reconnaît la fertilité de la terre antique où le Nil écrit, avec les couches successives de ses inondations, des chronologies à démentir les Genèses et les cosmogonies. La nomenclature des riz, des blés, des opiums, des chanvres, des dattes, des cotons, des maïs est infinie. Les objets d’art ou de fabrication sont moins nombreux : ce sont des gazes, des crêpes, des chemises de mousseline opaque et transparente, des voiles de femme à fond rouge et moucheté d’or, des cordons de soie pour attacher les pantalons ; des yasmas, des yardakams, dont les femmes se coiffent ou qu’elles portent en tablier à peu près comme les Moresques d’Alger, des selles de dromadaire et de chameau, des chapelets en noyaux de palmier doum, des œufs d’autruche, des tarbouchs, des gargoulettes en terre de Thèbes qui rafraîchissent l’eau sous ce ciel de feu, aussi parfaites, aussi pures de forme que si elles eussent été tournées sur la roue