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L’ORIENT.

qui abrite, tant bien que mal, la rade où est située Simoda. Les contours de la baie sont charmants et de l’aspect le plus pittoresque.

À peine le navire est-il engagé dans le goulet, qu’un canot portant le pavillon impérial noir et blanc s’est présenté à l’échelle du Laplace, amenant trois officiers japonais subalternes ; les deux sabres courbes d’inégale grandeur passés dans leur ceinture les désignaient comme fonctionnaires, car ceux-là seuls peuvent porter cette espèce d’arme. Le baron Gros ne les reçut pas, comme d’un rang trop inférieur, et ils ne communiquèrent qu’avec l’interprète. Leur physionomie, quoique rappelant une origine chinoise, était plus belle, plus fine et plus ouverte que celle des autochthones du Céleste-Empire. Aucune couleur vive ne papillotait sur leurs vêtements de teintes neutres ou sombres ; car, en cette matière, le goût japonais se rapproche, pour la sobriété, du goût européen ; les trois officiers firent honneur au déjeuner qu’on leur offrit et où le vin de Champagne ne leur fut pas ménagé. Voyant qu’on ne leur attri-