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CHINOIS ET RUSSES.

de Kiakta et que nous sommes en Russie. L’illusion est facile, car voilà un isba, bâti de tronc d’arbres posés en travers et se rejoignant aux quatre angles avec une charmante symétrie rustique. Le toit, projeté en avant, est bordé d’une fine découpure en bois de sapin, et le faîtage se termine par deux têtes de cheval affrontées, comme on dit en termes de blason. L’encadrement des fenêtres a reçu une ornementation du même genre, et des étages en surplomb tombent de délicats pendentifs. Les moujiks exécutent tout cela sans autre outil qu’une hache et qu’une scie. L’intérieur de l’isba est simple et commode, merveilleusement approprié au climat. Un grand poêle sur lequel on couche occupe tout un coin de la principale chambre. Des bancs de bois s’adossent aux cloisons revêtues de planches. Des doubles châssis garnissent les ouvertures. On rêve d’habiter une semblable maison quand la neige blanchit la terre et qu’on entend au loin les loups hurler dans les bois de sapins et de bouleaux. L’été, on y serait fort bien encore sur ces galeries dé-