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SYRIE.

entrer dans le turbé ou marabout préparé pour lui, soit qu’il ne le trouvât pas assez magnifique, soit pour toute autre raison. À chaque fois qu’on présentait le cercueil à la porte, il se rejetait en arrière, repoussé par une force inconnue, entraînant avec lui les derviches croque-morts. — Les Turcs présents à la cérémonie conseillèrent de faire tourner rapidement le corps, afin de l’étourdir un peu et de vaincre sa résistance ; le conseil fut suivi et le santon, corrigé de son caprice, entra paisiblement dans l’asile, où il devait dormir son sommeil éternel, les pieds orientés vers la Mecque.

Ce miracle était-il vrai ou faux ? Un sceptique n’y aurait vu qu’une grossière jonglerie des derviches pour accréditer un marabout. Mais Gérard n’était pas sceptique ; il aimait mieux croire que nier ou douter seulement. — Sa crédulité scientifique ajoutait foi volontiers à toutes les superstitions, aux plus anciennes comme aux plus récentes.

« D’ailleurs, s’écrie-t-il, qui oserait faire du scepticisme au pied du Liban ! Ce rivage