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L’ORIENT.

vaux opiniâtres, il consulta la médecine qui lui conseilla les eaux, cette panacée universelle pour les maux indéfinis dont la source est dans l’abus de l’intelligence. Les eaux ! mais lesquelles ? Celles de Carlsbad ou de toute autre bouilloire thermale de l’Allemagne ? Les eaux de Piatigorsk eussent mieux valu sans doute ; mais Piatigorsk est dans le Caucase, à un nombre de verstes assez effrayant de Saint-Pétersbourg. Heureusement, M. Gilles est un de ces malades robustes qui ne reculent devant aucune fatigue pour recouvrer la santé, et, malgré sa souffrance, il prit bravement la route de Piatigorsk. De Saint-Pétersbourg à Moscou ce n’est qu’un jeu ; un chemin de fer vous y transporte comme en un rêve sur ses divans élastiques. Mais il n’y a pas encore de railway de Moscou à Piatigorsk, et il faut recourir à des moyens de locomotion plus primitifs.

Le tarentasse est le véhicule spécial que doit adopter tout voyageur qui parcourt la Russie dans les contrées qui s’écartent des trois ou quatre grandes lignes de circulation.