ces cités, spectres où le passé s’asseoit sur un socle encore debout, et où l’histoire conserve des formes visibles.
On évite ainsi la brutalité de la transition, et l’esprit a de l’espace libre pour la rêverie.
À égale distance à peu près de la mer et de la ville, on rencontre, de chaque côté de la route, un cabaret de planches et de pisé qu’ombragent quelques maigres arbres enfarinés de poussière. Les conducteurs s’arrêtent là quelques minutes, sous le prétexte d’abreuver les chevaux, mais, en réalité, pour s’abreuver eux-mêmes, non de vin, le peuple grec n’est pas ivrogne, mais de verres d’eau blanchie de mastic de Scio ; ils roulent dans leurs doigts une longue cigarette, font grimper sur le siége, en lapin, quelque ami ou quelque pratique qui les attendaient là, et l’on repart grand train.
Le bouquet d’oliviers traversé, on se trouve dans une espèce de plaine bosselée, cerclée de montagnes, au milieu de laquelle se dresse, solitaire, le grand rocher de l’Acropole : tous