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EXCURSION EN GRÈCE.

II

le pirée.

Le jour se levait lentement avec un crescendo de teintes plus délicatement ménagées encore que le fameux crescendo de violons du Désert de Félicien David : à mesure que le ciel s’éclairait, les lignes de la côte lointaine se dessinaient plus fermement et sortaient de la neutralité des vagues teintes crépusculaires. Tout ce rivage a l’air d’avoir été sculpté au ciseau dans une large veine de marbre, tant les lignes des montagnes sont harmonieuses et pures, heureusement proportionnées pour le regard ; rien de heurté, rien d’abrupte, rien de sauvagement grandiose ; mais partout une fermeté nette, une précision élégante, une belle teinte azurée et mate comme d’une fresque peinte sur la frise d’un temple blanc.

Au fond de ce golfe, Munychie et Phalère composaient avec le Pirée la trilogie des