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LE THÉÂTRE TURC.

Ces danseuses, ou plutôt ces danseurs, méritent une description particulière ; l’un d’eux, par la finesse de ses traits, la blancheur de son col, ses cheveux blonds en spirale, son mouchoir bleu posé à la grecque sur le sommet de la tête, son air modeste et sa taille de guêpe faisait une illusion complète et semblait en effet une jeune et jolie femme. Son costume du reste était des plus élégants ; il se composait d’une veste de drap vert agrémentée de soutaches, d’une chemise de gaze de soie, de deux tuniques superposées de taffetas zinzolin, frangées de jaune, et serrées par une ceinture de soie rouge.

Les deux autres ne différaient de leur partner que par la coiffure, consistant en un fez rouge autour duquel s’enroulaient de grosses nattes de faux cheveux. — Ce trio exécuta, avec des cambrures et des torsions de reins qui chez nous inquiéteraient la susceptibilité pudique des sergents de ville, une espèce de romaïque d’un caractère assez original, et qui parut faire grand plaisir à l’assemblée.

Aux danseuses succédèrent les Albanais en