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LE THÉÂTRE TURC.

cristal des narguilhés ; les femmes pépiaient et jacassaient derrière leur treillis comme des oiseaux en cage, et de notre fenêtre nous apercevions leurs yamacks blancs et leurs feredgés bleu de ciel, rose-mauve, vert-pomme et autres couleurs gaies. Un soleil éclatant dorait la place vide que les acteurs allaient occuper, et la mer étincelait à travers les oliviers et les tamarins ; les musiciens, établis à l’ombre au bas de la maison, faisaient bourdonner et frissonner leurs instruments de musique, comme pour préluder à l’ouverture ; c’était charmant.

Un tumulte étrange, composé de sons discordants et sauvages, et rappelant assez une symphonie de musicien savant, salua l’entrée des acteurs. Cet orchestre se composait de deux guitares grattées avec une plume, d’un rebec joué en contrebasse, de deux paires de timbales et d’une flûte-clarinette où soufflait, comme un aveugle, un vieillard tout cassé et comme momifié par l’âge. — La pièce commençait.

Deux hammals ou portefaix d’Asie s’avan-