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CRIME JAPONAIS

tiède dont la ceinture est hérissée de rouleaux de papier, de suppliques, qui parleront au juge pour la bouche à jamais muette.

Pour aider sa famille à vivre, cela se faisait couramment, — on allait subir une peine à la place d’un condamné : il y avait même une criée aux enchères décroissantes. Pour dix sous, un voleur passait à un innocent les quarante coups de bambou qu’il devait recevoir. Et, chose plus cruelle encore, jusque sous le glaive du bourreau, était continué ce trafic : pour trois cents francs environ, on pouvait racheter sa tête, en faire rouler une autre dans le sang.

Il savait cela, le pauvre Kono-Guihei, quand il suppliait ses juges de remplacer les neuf années de prison, qui allaient priver sa mère et sa fille de son travail,