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ISOLINE

fant ? Marie était venue bien souvent à cette place pour l’apercevoir de loin, mais elle se cachait de peur d’être vue : il fallait se montrer au contraire, faire des signaux. Ils n’aboutirent à rien, la fillette ne faisait que passer au loin et ne regardait pas de ce côté.

Franchir les murs ou les haies, n’eût rien été pour Damont ; mais il y avait des chiens qui l’auraient signalé ou peut-être dévoré ; de plus, le sieur Mathurin Ferron, le rigide intendant, n’aurait pas hésité à lui envoyer un coup de fusil.

Ils cherchèrent longtemps un expédient, ne songeant qu’à cela, un peu soutenus et consolés par l’espérance.

— « Il n’est pas défendu non plus d’écrire, disait Damont.

— Attendons que la pauvrette sache lire, « répondait Marie, avec son angélique patience.

Et ils comptaient les jours, supputant les progrès probables de l’élève.

Le jésuite, homme âgé déjà, d’aspect repoussant, d’esprit médiocre, qui se signalait par une odeur de relent insupportable, avait causé à Isoline une peur terrible qui fit prévoir le retour de ses crises.