Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.
47
ISOLINE

— Elle a l’air anglais. »

La conversation dévia sur ce mot ; on parla des Anglais qui envahissaient la ville, de leurs modes extravagantes, de leurs airs insolents, des façons de leurs demoiselles, qui avaient l’air de gourgandines. Mais Marguerite la ramena à son premier sujet, en demandant si les Kerdréol étaient parents de Bertrand du Guesclin.

— « Qu’est-ce que tu chantes ?

— C’est qu’à l’église, elle se met souvent près du monument qui contient le cœur de Du Guesclin, et le regarde comme si elle voulait voir à travers les pierres.

— Elle va à l’église ? dit Gilbert.

— De temps en temps, et elle y a une tenue peu édifiante.

— Elle n’est pas dévote ?

— Non, et c’est tant pis pour elle, répondit aigrement Mlle Taffatz : la dévotion adoucirait ses peines et lui donnerait le courage de les supporter. »

Le lendemain, Gilbert étonna sa famille, en annonçant qu’il l’accompagnait à la grand’messe.

— « La grâce t’aurait-elle touché ? demanda Sylvie.

— Cela me distraira, » dit Gilbert.