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LA TUNIQUE MERVEILLEUSE.

— Depuis six mois, mon oncle.

— Et où donc en vend-on de pareils ?

— Dans le royaume des Plantes-sans-Fleurs[1]. Vous savez que ces barbares d’Europe possèdent une puissance qui tient du merveilleux. Ils connaissent, sans aucun doute, tous les secrets de la magie : leurs voitures marchent sans chevaux, leurs navires sans voiles ; au moyen d’un fil de fer ils se parlent d’un bout à l’autre de la Chine ; avec des prunelles d’enfant ils fabriquent un outil qui saisit et fixe votre image en une minute[2] ; que ne font-ils pas encore ? Eh bien, entre autres choses, ils possèdent quelques-uns de ces manteaux qui préservent du froid et de la faim.

— En effet, en effet, dit San-Ko-Tcheou à moitié convaincu, ces barbares sont peut-être des démons, ils ont des connaissances surnaturelles ; pourtant cela me semble un peu invraisemblable. D’abord, comment ce manteau est-il en ta possession ?

— Il y a six lunes à peu près, dit Cœur-de-Rubis, je passais à cheval dans le carrefour d’une petite

  1. L’Angleterre.
  2. Beaucoup de Chinois du peuple s’imaginent que les objectifs des photographes sont faits avec des yeux humains.