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MADEMOISELLE GEORGES


NÉE EN 1786. — MORTE EN 1867




Il est de ces figures qui laissent dans le souvenir une trace tellement radieuse qu’elles semblent devoir être immortelles ; même quand depuis longtemps déjà elles sont disparues de la scène, elles restent mêlées à la vie, on s’en occupe, et leur nom ailé voltige sur les lèvres des hommes. Elles sont entrées, quoique réelles, dans ce monde des types créés par les poètes où l’âge, le temps, les dates n’existent plus ; l’ombre de la retraite ne peut pas éteindre leur éclat. Quoiqu’on ne les voie plus, elles sont présentes, et l’on a peine à s’imaginer qu’elles subissent le sort commun. Mademoiselle Georges était une de celle-là ; on aurait cru qu’elle durerait éternellement, comme cette superbe Melpomène de Velletri, du Musée des antiques, qu’on eût prise pour le portrait anticipé de l’illustre tragédienne.

Elle avait près de quatre-vingts ans, la grande Georges, et les générations d’admirateurs s’étaient