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pleine de soleil et de souffles balsamiques, il reprit la palette, et son talent fit peau neuve.

Nous écrivions en 1847, en voyant les Espagnols des environs de Penticosa, le Visa des passe-ports, les Paysans de la vallée d’Ossau, le Ravin ; — « Ce changement complet de manière est un événement grave et singulier dans la vie d’un artiste, surtout lorsqu’il n’implique aucune décadence, aucune pente au maniérisme : arriver du coquet au simple, du spirituel au vrai, du pétillant au lumineux, du gracieux au fort, c’est un bonheur rare, et il est bien des peintres, dont le passé ne vaut pas celui de M. Camille Roqueplan, à qui l’on pourrait souhaiter bénévolement une bonne maladie qui les envoie passer deux ans aux Pyrénées, en tête-à-tête avec la nature. Avec cette intelligence parfaite du coloris, qui ne lui a jamais fait défaut, M. Camille Roqueplan se baignant dans les ondes de cette lumière aveuglante des pays chauds, a compris que ce n’était ni par du jaune, ni par de l’orangé, ni par des tons dorés et cuits au four qu’il parviendrait à rendre cet éclat tranquille, cette lueur implacablement blanche du ciel méridional. Il a eu le courage de ne pas rendre avec du roux ce qui était gris, et avec du bitume ce qui était bleuâtre, — chose bien simple en apparence, mais qui constitue tout un art nouveau. »

La Fontaine du grand figuier, la Vue de Biarritz, sont des chefs-d’œuvre de solidité, d’éclat et de lumière ; les murailles de Decamps n’ont pas une blancheur plus étincelante. Camille Roqueplan, tout