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ALEXANDRE SOUMET


NÉ EN 1810. — MORT EN 1870




Alexandre Soumet, que recouvre un oubli immérité, a joui, vers 1820, d’une grande réputation poétique ; seulement il a eu le malheur de venir trop tôt et de se produire dans une phase intermédiaire et transitoire. L’aurore du romantisme commençait à poindre et glissait à l’horizon de furtives lueurs. Soumet était un des coryphées de l’école naissante : mais il fut bientôt remplacé, et la douce et tremblante clarté de son étoile fut obscurcie par le soleil levant de Victor Hugo, que Chateaubriand venait de baptiser enfant de génie. De cette façon, il est resté romantique pour les classiques et classique pour les romantiques. S’il eût fait son apparition plus tard, nul doute qu’il n’eût pleinement adhéré aux doctrines nouvelles, et il fût resté ainsi plus longtemps contemporain. Mais, en fait d’art, dans les époques de révolution littéraire, quelques années font beaucoup.

Dans ses rapports avec l’école classique, Soumet