J. BOUCHARDY
Une chose nous surprend dans les notices consacrées par les journaux à ce pauvre Joseph Bouchardy, qui est mort âgé de cinquante-neuf ans à peine, c’est qu’on en parle comme d’un burgrave du mélodrame, d’un Job le maudit plus que centenaire, dernier échantillon d’une race disparue. Bouchardy est-il, en effet, si éloigné de nous que cela, et si profondément enfoncé dans la nuit des temps ? S’est-il passé tant de siècles entre la première représentation de Gaspardo le pêcheur et celle de l’Armurier de Santiago ? Nous ne le pensons pas. Mais le temps va si vite aujourd’hui, on est si rapidement emporté, que lorsqu’on retourne la tête, les objets près de vous tout à l’heure sont déjà évanouis dans un lointain confus.
Ce sentiment est naturel aux jeunes générations, qui ne conçoivent pas qu’on ait vécu quand elles n’étaient pas nées encore, et qu’on ait obtenu d’immenses succès avec des ouvrages tout à fait en de-