Page:Gautier - Histoire du romantisme, 1874.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tifs de l’Enfer, et ne contenant en réalité que le sens visible. Ainsi placée sous la lumière, elle a vraiment une physionomie de bonté, de candeur et de sympathie. — Elle est d’un ami cher à nous deux, du brave Bouchardy. Cette lettre, qui n’était, en 1857, qu’un autographe, peut maintenant prendre sa place comme relique dans le carton vert consacré à l’ami défunt. Nous allons la transcrire pour faire voir quelle âme délicate et charmante c’était que Bouchardy, et quelle amitié régnait entre les membres du petit cénacle.

Bien des années pourtant s’étaient déjà écoulées depuis que Petrus Borel n’avait réuni notre petite bande, et chacun de nous s’était dispersé au pourchas de la gloire et du pain quotidien. Mais l’on peut voir combien le souvenir de notre union était resté vif entre nous :

« 12 janvier 1857.
« Mon cher Théophile,

« J’aurais assurément gardé bien secrètement dans mon cœur ma gratitude pour les bonnes et belles lignes que tu as écrites à mon sujet dans ton feuilleton du 5 janvier ; mais tu as dit dans ces lignes quelques mots des jours lointains et dorés de notre camaraderie, et comme cette époque est le seul et beau souvenir de ma jeunesse, il faut que je me donne la joie de me le rappeler avec toi.