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FUSAINS ET EAUX-FORTES.

chaine des Apennins, de grands bancs de nuages blonds, étroits et recourbés en flocons à leur extrémité, étendent leurs longues barres à l’horizon orangé. A part. quelques exagérations, quelques inexactitudes indispensables dans une décoration de théâtre, l’aspect de la campagne romaine est très heureusement exprimé ; nous reprocherons seulement à MM.  Feuchères, Séchan, Desplechin et Diéterfe un peu de lourdeur dans le feuillé des pins qui forment la coulisse de droite ; il aurait fallu trouer et déchiqueter les masses noires pour les aérer et les alléger.

L’église de Sainte-Marie-Majeure, avec son peuple agenouillé, ses hautes colonnes, ses fenêtres inondées de lumière d’or, son étincelant pavé de marbre poli, est si vraie et d’une illusion si magique que l’on croit sentir l’odeur de l’encens. Le tremblement imperceptible de l’atmosphère et le chaud brouillard lumineux qui remplit l’interstice des colonnes, ces deux effets presque impossibles à transporter complètement sur la toile, sont réalisés d’une manière supérieure ; la transition des personnages peints aux personnages réels est très habilement ménagée.

La décoration du Capitole est la moins réussie les tons blancs de l’architecture tranchent crûment sur l’indigo du ciel, et quelques lignes de la perspective s’expliquent difficilement ; mais dans l’acte suivant, nos artistes ont pris une complète revanche.

Nous ne parlerons pas de la petite toile d’attente