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FUSAINS ET EAUX-FORTES

bien qu’un beau jour la terre me manqua sous les pieds (n’allez pas croire que j’aie été pendu, au contraire) je m’arrêtai nécessairement ubi defuit orbis, enchanté d’avoir cette ressemblance avec Hercule, faute d’en avoir une autre cet endroit se trouva être Ostende, ville assez généralement connue sur la carte des restaurateurs, pour de certaines huîtres dites d’Ostende et que l’on fabrique à Paris comme les biscuits de Reims, attendu que les seules huîtres qu’on trouve à Ostende sont les groseilles à maquereaux.

Dès que l’on m’eut montré la petite bandelette découpée en dents de loup, de toits, de moulins à vent et de clochers qui mordait le bord de la robe grise de l’horizon, et indiquait la fabuleuse ville, je me dis : Allons, regardons bien, écoutons bien nos sensations, et voyons un peu sur nous-même l’effet que l’Océan, cette immensité, produit sur le poète, cette autre immensité.

La première chose que je remarquai, c’est qu’au lieu de descendre comme cela me semblait assez naturel, il fallait monter pour aller à la mer. Un bourgeois officieux, à qui j’en demandai la raison, me répondit que c’était à cause des dunes.

— Je vous demande mille pardons, monsieur, de vous avoir interrompu. Monsieur, il n’y a pas de quoi, fit-il dans le français hollando-belge qui ressemble à du chinois. Voilà qui commence bien, me