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FUSAINS ET EAUX-FORTES.

bles d’être controversées d’une façon victorieuse. Ainsi, d’après leurs dires, si l’art, protégé par un gouvernement absolu, semait sur le sol des monuments gigantesques, si la statuaire, la peinture, la sculpture, avec l’aide des richesses sans nombre mises à leur disposition, produisaient d’admirables compositions sous un régime de liberté, où la discussion de la chose publique était chaque jour portée au forum, au sénat, au parlement, l’art alors était étouffé, et dans les rares occasions où il pouvait déployer son ingénieuse verve, il ne devait enfanter que des productions étiolées et sans valeur. Telles étaient les conséquences qu’ils tiraient des prémisses qu’ils avaient posées, négligeant, dans l’examen de cette question, tout ce que les artistes de la Grèce, de quelques contrées de l’Orient et de Rome, avaient exécuté de grand et de beau. L’Égypte avec Thèbes, avec ses statues colossales, ses allées de Sphinx et ses pyramides, leur avait fait oublier la Grèce avec Corinthe, Athènes et le Parthénon, et le temple de Thésée et les statues de Phidias. Rome papale avait effacé pour eux la Rome des Gracches et des Césars. Mais notre projet n’est pas de nous occuper de l’antiquité, et nous nous hâtons de porter cette discussion dans un cercle d’idées plus rapprochées de nous. Le gouvernement constitutionnel, avec ses formes de libre discussion, de contrôle journalier, avec ses tendances à l’économie qui ne sont rien moins dans