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SAINT-AMANT


L’anathème de Boileau pèse toujours sur la mémoire de Saint-Amant, et bien que plusieurs critiques modernes aient protesté contre cette condamnation, la postérité injuste ne l’a pas encore levée, tant a de force un jugement sommaire résumé en quelques vers dédaigneusement brefs, et qui se retiennent aisément. Nous n’espérons pas redorer les rayons de cette gloire, et rendre à Saint-Amant la place qu’il mérite, mais ce fut un poète dans lav raie acception du mot, et de plus célèbres que tout le monde admire et cite sont loin de le valoir.

Si la funeste réaction commencée par Malherbe n’avait pas prévalu, Saint-Amant eût gardé sa réputation et son lustre, mais la langue qu’il parle tomba en désuétude. Ronsard fut regardé comme barbare, Régnier comme trivial l’idiome si riche, si abon-