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À PROPOS DE BALLONS.

son voyage à l’Empire et Estats du Soleil la description complète d’un aérostat de son invention parfaitement conforme aux lois de la physique et très exécutable, la question a fait bien du chemin. Avec cette étonnante simplicité des choses naturelles le miracle s’opérait chaque jour dans l’âtre sans qu’on y fît attention, toutes les fois que la fumée enlevait hors du tuyau un morceau de papier brûlé ; il a fallu six mille ans pour tirer la conclusion de ce fait. Le ballon flotte comme l’huile sur le vin, comme le liège sur l’eau, comme le boulet de canon sur le mercure, par des relations de pesanteur et de légèreté : une seule loi partout.

Par malheur le ballon n’a encore ni aile, ni queue, ni cou, ni pattes, rien de ce qui peut servir à le diriger ; c’est un vaisseau sans voiles et sans gouvernail, un poisson sans nageoires, un oiseau sans plumes il flotte, voilà tout c’est immense, et ce n’est rien ; il est si jeune qu’il ne sait pas son chemin et va au hasard, comme un enfant.

Nous ne concevons pas que tous les inventeurs, savants, mécaniciens, chimistes, poètes, ne s’occupent pas perpétuellement de la solution de ce problème de la direction des aérostats, et qu’on passe ce temps à faire des révolutions plus ou moins opportunes, tant que cet important problème n’est pas vidé.

Il est honteux pour l’homme d’avoir trouvé l’hip-