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L’ATELIER DE M. INGRES

EN 1848


M. Ingres occupe à l’Institut un logement au-dessous duquel se trouve, au rez-de-chaussée, un atelier composé de plusieurs pièces, et qui n’a rien de caractéristique. Là nul luxe, nulle coquetterie d’arrangement, aucune de ces curiosités pittoresques qui encombrent les ateliers des artistes à la mode et les font ressembler à des magasins de bric-à-brac ; la pensée seule illumine ces chambres vulgaires, ornées de quelques fragments de plâtres antiques et de toiles, la plupart sans bordure, accrochées çà et là aux murailles. Dans un coin, un élève muet et studieux copie religieusement quelque œuvre, du maître ; le jour, amorti par des toiles tendues à mi-hauteur des croisées, tombe d’une arrière-cour déserte, où l’herbe encadre les pavés.

Et cependant, ce réduit froid, pauvre, silencieux