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LA RÉPUBLIQUE DE L’AVENIR.

ment et autres grossièretés sont des signes d’indépendance ; il faut saluer dans chacun la possibilité de tout. Citoyen ne doit pas plus se dire que marquis, c’est une affectation inverse. Monsieur, veut dire : « Mon ancien, » manque de justesse, dit par quelqu’un de jeune. Les Espagnols, ce peuple monarchique, ont un beau mot que les républicains devraient bien adopter ; ils s’appellent entre eux hombre (homme).

Les bonnes manières, l’élégance et l’art s’accordent très bien avec la liberté. L’absence d’une cour a-t-elle pour résultat de supprimer le luxe, l’éclat, la beauté ? De ce qu’il n’y a plus de rois, nous n’inférons pas qu’il n’y aura plus de palais. Outre les grands édifices publics nécessités par la nouvelle vie sociale, tels que les chambres pour les Parlements, les forums pour les délibérations politiques et les élections, les habitations des hauts fonctionnaires, le peuple, devenu souverain, exigera pour tous les endroits où il se réunit une splendeur que nous appellerons encore royale eh attendant que nationale ait pris le même sens. Nous croyons fermement que les artistes trouveront d’aussi nobles formes pour ces Versailles populaires qu’ils en ont inventé autrefois pour les fantaisies de Louis XIV.

Nous n’adoptons nullement pour idéal de la cité de l’avenir le symbole de la ruche. Nous espérons n’être pas réduits à la cellule uniformément hexagone de