Page:Gautier - Fusains et eaux-fortes.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rendre l’effet bizarre et chatoyant des rues, des places et des bazars encombrés d’une foule bariolée, les scènes calmes et pittoresques des cimetières ombragés de cyprès, les frais paysages de la côte d’Asie ; mais aucun jusqu’ici n’avait pénétré dans la vie intime de l’Orient, surpris les costumes des femmes, qui ne se montrent au dehors qu’affublées d’un vêtement uniforme et disgracieux. Nul n’avait pu saisir les physionomies charmantes et variées des habitantes du harem.

Un séjour de plusieurs années, des relations étendues et une série de circonstances favorables ont mis M. Camille Rogier en position de voir et d’étudier des détails de mœurs et de costumes qui avaient échappé à la plupart des touristes ; il a pu faire aussi dans les villes de l’Asie Mineure des voyages pénibles, et souvent dangereux, dont l’art et l’histoire profiteront ; car mille traits caractéristiques de mœurs, d’architecture et de costume ne se retrouveront bientôt plus que dans les pages de ce livre. Les barbaries s’en vont, emportant avec elles toutes les splendeurs d’un monde plus préoccupé du beau que du commode.

Ainsi, tour à tour, on verra passer, en feuilletant ce recueil, toutes les scènes de la vie mystérieuse et contemplative de l’Orient. Les Européens parlent beaucoup de poésie, les Orientaux la mettent en action. A peine débarqué à cette échelle de Top-