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FUSAINS ET EAUX-FORTES.

ainsi décoré. Il serait compris par des gens qui ne connaîtraient pas leurs lettres ; l’histoire y est si nettement suivie par le dessin, qu’il serait impossible de s’y méprendre. Il est question d’une forêt : dans la page même vous voyez une forêt de Paul Huet, touffue, inextricable à l’œil, pleine d’ombres, de rayons, de chants et de murmures, avec ses hautes herbes, ses hamacs de lianes, ses troncs noueux et difformes se cramponnant aux rochers avec leurs doigts tordus, ses plantes étranges, aux larges feuilles veloutées, tout son luxe de floraison sauvage. On parle d’une fleur : la fleur grimpe aux jambages d’un M ou d’un N et s’épanouit subitement à côté de la description. Le P qui commence le mot palmiste est un palmiste lui-même, contourné en forme de majuscule. La mer retentit dans le style sonore de Bernardin de Saint-Pierre : aussitôt une mer d’Eugène Isabey s’élance avec furie contre les récifs, écume, bouillonne et déborde sur les marges de la page, le chien fidèle aboie en même temps dans la ligne et dans la gravure ; le bruit du départ de Virginie se répand dans l’île vous voyez les colporteurs avec leurs paquets sur leur dos qui cheminent sur la justification, attirés qu’ils sont par le sac d’écus de M. de Labourdonnaye ils se hâtent le plus qu’ils peuvent et tâchent de se dépasser au feuillet de droite sont étalés des tissus et des étoffes de toute espèce, des satins rayés, des mousselines a petites