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FUSAINS ET EAUX-FORTES

tortues, des caïmans et des aïs ; les haras sont abolis, et on fera dans quelque cent ans d’ici l’exhibition du dernier cheval aux foires et aux fêtes publiques comme on montre aujourd’hui des sirènes, des lapins savants et des femmes barbues ; les Cuvier et les Saint-Hilaire futurs se livreront à la paléontologie à propos des molaires d’un cabalotharium quadrupède ante-chemin de fer trouve dans les glaises et les terrains tertiaires de Montfaucon. Tout cela est très beau et cette poésie du chemin de fer en vaudrait bien une autre ; malheureusement le chemin de fer ne peut être envisagé que comme une curiosité scientifique, une espèce de joujou industriel. La structure de la terre, où les montées succèdent aux pentes et ainsi de suite pour l’écoulement et la répartition des eaux ; s’oppose nécessairement à l’établissement des grandes lignes, où la variété du niveau exigerait d’immenses travaux de remblai et des dépenses telles que le plus grand succès dans l’entreprise pourrait à peine les couvrir ; les pays d’alluvion, comme la Hollande et la Flandre ; les grands plateaux du Céleste Empire, où les voitures et les chariots marchent à la voile, se prêtent à l’emploi avantageux de cette invention anglo-américaine ; autrement ce sont des éminences qu’il faut couper comme des verrues, des tunnels, des ponts, des galeries souterraines, des viaducs à construire, des montagnes à éventrer et à percer à jour, des ter-