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FUSAINS ET EAUX-FORTES.

chez l’homme à une époque si rapprochée de la création.

Nous avons vu trop souvent les artistes ayant à représenter Caïn nous le représenter sous l’aspect d’un galérien ayant fait le voyage de Brest dans la voiture cellulaire. Cette diffamation du premier des meurtriers est assurément, morale et pleine de bonnes intentions, mais elle manque complètement de vraisemblance ; la dégradation physique amenée par les habitudes morales ne s’opère pas aussi rapidement que paraissent le croire ces peintres et sculpteurs criminalistes. M. Jouffroy a eu raison en laissant à son Caïn la forme puissante et glorieuse dont devait se montrer revêtu le premier-né des deux êtres les plus parfaits qui aient jamais travaillé à la reproduction de leur espèce, et malgré le défaut que nous avons cru entrevoir dans sa figure, elle reste une œuvre d’une exécution fort belle et d’une grande distinction.

M. Simart, dans son 'Joueur de ruzzica, s’est évidemment inspiré du Discobole antique ; mais il ne paraît pas avoir visé à la noblesse et à l’idéalité dans cette école. Prise comme étude de la nature courante et vulgaire, sa figure mérite les éloges et est traitée avec fermeté et bonheur.

Le Saint Sébastien de M. Brian est d’une expression froide et d’une exécution peu accentuée. Peut-être l’auteur a-t-il voulu laisser comprendre la sé-