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ÉVENTAILS DE LA PRINCESSE HÉLÈNE.

d’or, dans le genre byzantin, avec une suavité et une délicatesse charmantes. Notre-Dame-de-Lorette n’a rien sur ses grandes murailles qui vaille cette petite gouache ; c’est un petit tableau de sainteté d’une onction pénétrante et douce ; on dirait une page déchirée d’un des plus beaux missels gothiques.

La Promenade au parc rentre tout à fait dans la manière habituelle de M. Roqueplan, qui affectionne ces sortes de scènes. Le parc est ravissant, mêlé d’architectures, de terrasses, de vases et de balustre. De grands pins en parasol s’élèvent sur un ciel de teintes capricieuses avec des bleus verdâtres et singuliers. Les personnages, un raffiné, une dame et un cavalier qui les salue, sont d’une tournure élégante et fière, tout à fait dans le goût de l’époque, et au fond s’étend une fuite d’horizon comme M. Camille Roqueplan, qui est aussi un des meilleurs paysagistes de notre école, est seul capable d’en faire ; ce sont des traînées de lumière blonde sur de petites croupes de collines bleutées d’un effet ravissant.

Quant aux Amours peintres, figurez-vous ce qu’il y a de plus souriant, de plus gai, de plus frais et de plus joliment maniéré du monde, un Watteau du meilleur temps.

Les Noces de Cana et le Repas de chasse, voilà les deux motifs brodés par M. Clément Boulanger. Le premier est entendu à la manière vénitienne : des servantes coquettement ajustées montent et des-