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STATUES DE MICHEL-ANGE.

geois et les délicieux feuilletonistes si sensibles aux extraits de l’Histoire d’Angleterre, de M.  Paul Delaroche, en lisant sur le catalogue, n° 1570, la Nuit ; n° 1571, le Crépuscule, statues en marbre, par M… ?

Comme on l’accuserait d’être insignifiant, de n’avoir pas d’idée, de ne rien prouver ; comme on lui parlerait de la synthèse de M.  de Lamennais et de l’art catholique d’Overbeck, de Cornélius et des Allemands de l’école de Munich. Ce seraient les plus triomphants radotages, le plus régalant amas de stupidités que l’on puisse rêver.

Dans la salle où l’on a placé la copie de M.  Sigalon, il y a plusieurs plâtres moulés sur les marbres de Michel-Ange : le Pensieroso, les figures célèbres du tombeau des Médicis, à Florence, une statue de Laurent de Médicis et quelques bustes.

Le Pensieroso est une figure de guerrier assis dans une posture recueillie et méditative du plus grand effet ; cependant, tout admirable qu’elle soit, elle perd beaucoup à l’École des beaux-arts, car elle a été faite pour un jour et pour un emplacement particuliers. À Florence, la lumière tombe de haut sur le casque dont elle illumine le cimier et fait saillir les ornements avec netteté, plonge la face dans l’ombre et se raccroche à quelques angles qu’elle découpe vivement, frappe un genou d’une vive clarté et laisse le reste vaporeusement voilé d’une demi-