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BUSTE DE VICTOR HUGO

scrupule, modelé avec finesse. Le travail est souple et moelleux ; cela singe la chair autant qu’il l’est donné à l’argile ; les lèvres sont d’un sentiment délicat et vrai ; elles respirent bien, et dans le globe vide de l’œil, M. Duseigneur, différent en cela des sculpteurs grecs, nous a fait deviner, avec tout l’art imaginable, cette prunelle d’aigle et ce regard large que la peinture est seule en possession de rendre. Seulement, et peut-être est-ce une observation minutieuse, les sourcils sont un peu trop saillants et coupent la ligne frontale un peu trop brusquement. Ce buste nous paraît destiné à un grand succès, surtout à l’étranger où les intelligences plus artistes sont en avant de nous dans l’admiration du plus grand poète que nous ayons. Nous ne doutons pas que tous les religieux de ce beau talent ne s’empressent d’orner leurs bibliothèques de ce portrait, dont le moulage a été confié à l’un de nos habiles, M. Lambert Misson, rue Mazarine.


(Le Mercure du xixe siècle, 8 octobre 1831.)