Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/65

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rebord du chemin, et se mit à sangloter, la figure dans ses cheveux.

Un ânier qui passait, portant au marché deux couffes pleines de figues, s’arrêta devant elle, et lui demanda ce qu’elle avait. La princesse essuya ses larmes, reprenant espoir.

— C’est Isis qui t’envoie ! dit-elle, jette là les paniers qui chargent ton âne, et conduis-moi au palais de Pharaon. Tu seras, alors, récompensé de telle façon que tu n’auras plus jamais besoin de retourner au marché.

— Tu as bien le ton du commandement, dit le paysan, mais tu n’as guère la mine de quelqu’un qui pourrait tenir de si belles promesses. Par humanité, je te conduirai ; mais, par prudence, je ne jetterai pas mes figues.

Il prit les couffes sur son dos, installa Tantyris sur l’âne et, le guidant par la bride, se hâta vers la grande ville.