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Sentant déjà les morsures, le crocodile s’agita, pour rejeter son ennemi ; mais, n’y pouvant parvenir, il vint se ranger le long du bord, comme un bateau docile.

Les deux frères montèrent sur le dos squameux et glissant. Ils naviguèrent sur le lac sinistre, tandis que toute la foule déçue des ombres, les voyant s’éloigner, s’agitait dans des torsions de désespoir.

Une grande clarté les attira, quand ils furent sur l’autre bord ; ils marchèrent vers elle, et voici : c’était le Livre de Thot, le Livre de toute science, qui rayonnait comme une étoile, et éclairait le tombeau.

Horus courut à lui, les mains tendues.

Mais Nopherképhtah, le possesseur du trésor, surgit alors de son lit funèbre, et dit, d’une voix lente et morte qui glaçait le cœur :

— Que viens-tu faire ?

— Je viens le prendre.

— Sache que, pour l’avoir dérobé, j’ai été privé de la durée, qui m’était due, des jours terrestres. Malheur à celui qui le possède !