on ciselait des bijoux. Des femmes voilées, par troupe, se rendaient aux bains. Ominah les entendait jacasser et rire. Elles étaient donc heureuses, ne regrettaient rien ?…
Tout ce peuple était formé des prisonniers de guerre, et la jeune fille se disait que c’était par amour pour elle, que l’empereur les laissait vivre ainsi, presque libres, selon leurs mœurs, au lieu de les contraindre à de pénibles et humiliants travaux, sous le fouet de geôliers cruels. Elle devait donc remercier Allah, être heureuse de cette passion inspirée au maître, qui avait été pour elle un surcroît de douleur mais dont les effets bienfaisants adoucissaient la captivité des siens.
D’ailleurs, en dépit d’elle-même, sa haine faiblissait, devant cet amour si constant et si attentif. Le mouvement qui l’avait jetée dans les bras de l’empereur venait d’un élan d’émotion sincère, et, depuis, un peu d’orgueil s’éveillait en elle d’être aimée ainsi, de régner si souverainement sur le cœur de celui devant qui tant de millions d’hommes tremblaient.