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« Tu t’appelleras : Tsaphenath-Pahanéa, et je te donne pour femme Ascenath, fille du grand-prêtre d’On. Sans ton ordre, nul ne fera un geste dans tout le pays d’Égypte. »


Lorsque le char de triomphe s’avança et que Zuleïka aperçut celui qui le montait, beau, calme, resplendissant de parures, elle reconnut Joseph, l’esclave, qui l’avait méprisée et qu’elle croyait écrasé sous sa vengeance.

Ce fut un choc terrible, un éblouissement, une torture et une joie. La honte et le désir lui gonflèrent le cœur à tel point qu’il lui parut se briser, répandre en elle une onde brûlante qui la terrassa.

Mais cette brûlure, par sa violence, la purifiait. Elle se sentait, en même temps, anéantie et régénérée.

Tandis, qu’affaissée au bord de la route, elle regardait s’éloigner celui qui triomphait sans orgueil, qui avait brillé, aux yeux de tous, comme un flambeau dans la nuit, l’es-