Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/316

Cette page a été validée par deux contributeurs.

effroyable, le mort s’était dressé et lui avait saisi le bras.

— Ah ! ah ! la voilà, cette veuve inconsolable, qui croyait ne pas me survivre ! hurla-t-il d’une voix terrible. La voilà, la hache à la main, pour m’ouvrir le crâne, afin de prendre ma cervelle et d’en faire un emplâtre à son amant ! et cela, le troisième jour après ma mort ! Ah ! ah ! misérable niaise, comme tu es bien tombée dans le piège ! Je ne suis pas mort du tout, et c’est moi qui ai imaginé tout cela pour voir un peu ce que vaut une femme. Hein ! il te plaisait, mon joli disciple, et il a bien joué son rôle…

Céleste, par un effort désespéré, parvint à se dégager, et elle s’enfuit, serrant ses tempes entre ses mains, convulsée de douleur et de honte, de douleur surtout, car elle murmurait seulement :

— Li-Tiu ! hélas ! hélas ! traître et bourreau !

Puis, dénouant sa ceinture, elle alla se pendre à un prunier du jardin.