Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/311

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sa main sur les longs sourcils noirs, qui semblaient taillés dans du satin, et qu’elle caressait des yeux.

— Ah ! que vous êtes bonne ! s’écria Li-Tiu et que cela me fait de bien ! Laissez-moi vous dire que c’est à cause de vous que m’est venue cette méchante fièvre. J’ai été saisi d’horreur en apprenant que vous étiez la femme de Tchouan-Tse ; je n’ai pu supporter l’idée que ses soixante hivers ont glacé vos dix-huit printemps et que la limace possédait la pivoine.

La jeune veuve trouva que le disciple parlait bien peu respectueusement de son maître ; mais elle s’avoua, qu’en somme, ce qu’il disait était parfaitement juste.

Tout à coup, il la repoussa et se leva, les sourcils froncés, les yeux étrangement luisants.

— Non ! non ! laissez-moi, dit-il ; à quoi bon me guérir ? Hors d’ici il n’y aura plus de repos pour moi ! J’emporterai un regret éternel. Ah ! pourquoi y suis-je venu ? Moi, qui me souciais