qui était à l’adresse de son père un salut tendre et pudique.
Lui, souriait de plaisir, en revoyant la beauté et la grâce de l’enfant qu’il idolâtrait. Elle s’était levée, marchant à sa rencontre et, comme une mer agitée par une subite tempête, la soie, le satin, le brocart, derrière elle, ondulaient en bruissant.
Il lui prodigua les surnoms les plus flatteurs, la nommant : Mourouï, l’Incomparable ; Réifé, la Beauté surnaturelle ; Réikio, le Parfum du Ciel ; puis il lui demanda si elle était heureuse, si rien ne l’avait fâchée, si elle ne désirait rien.
— Ah ! prince illustre ! père adoré ! s’écria-t-elle en ployant son corps souple en arrière, dans un joli mouvement de douleur, comment être heureuse quand la terre souffre ? Comment sourire quand le ciel pleure ? Les dieux sont bien cruels d’avoir créé l’hiver ! Hélas ! pas même de la neige pour donner l’illusion du printemps. Il me semble être une pauvre plante exilée, qui ne vit pas et ne peut mourir.