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reprend son impassible gravité, sa mystérieuse tristesse ; elles continuent à ondoyer avec des poses hiératiques ; et cela dure, toujours de même, sur le rythme monotone, qui vous prend peu à peu, dans un bercement très doux, plein de rêveries, traversé de souvenirs confus, d’insaisissables réminiscences de la patrie primitive, d’où nos aïeux sont venus, dans les temps !… On croit comprendre, enfin, le sens de cette danse mystique, adorablement chaste ; on reconnaît maintenant deux couples de fiancés. Alors, c’est Rama avec Sita, Lakshmana avec Ourmila, accomplissant le rite des noces, devant le roi de Mithila, aux sons d’une musique chinoise.

Puis soudain, tout cesse, c’est fini ! On en est tout surpris, vaguement triste. On serait resté là, indéfiniment, à regarder ces passes lentes et harmonieuses, à écouter cette musique, venue de si loin, toujours la même, et depuis tant de siècles ! Déjà on commençait à l’aimer, à comprendre cette mélodie, où reste peut-être quelque chose de celle qui charma si